I Received my dear Friend’s two Letters, one for Wednesday
		& one for Saturday. This is again Wednesday. I do not deserve
		one for to day, because I have not answered the former.
		But indolent as I am, and averse to Writing, the Fear of having
		no more of your pleasing Epistles, if I do not contribute to the
		Correspondance, obliges me to take up my Pen: And as M. B.
		has kindly sent me Word, that he sets out to-morrow to see
		you; instead of spending this Wednesday Evening as I have
		long done its Name-sakes, in your delightful Company, I sit
		down to spend it in thinking of you, in writing to you, & in
		reading over & over again your Letters.
	
		I am charm’d with your Description of Paradise, & with
		your Plan of living there. And I approve much of your Conclusion,
		that in the mean time we should draw all the Good we can
		from this World. In my Opinion we might all draw more Good,
		from it than we do, & suffer less Evil, if we would but take care
		not to give too much for our Whistles. For to me it seems that most
		of the unhappy People we meet with, are become so by Neglect
		of that Caution.
	
		You ask what I mean? —You love Stories, and will excuse
		my telling you one of my self. When I was a Child of seven
		Years old, my Friends on a Holiday fill’d my little Pocket with
		Halfpence. I went directly to a Shop where they sold Toys for
		Children; and being charm’d with the Sound of a Whistle that
		
		I met by the way, in the hands of another Boy, I voluntarily
		offer’d and gave all my Money for it. When I came home, whistling
		all over the House, much pleas’d with my Whistle, but
		disturbing all the Family, my Brothers, Sisters & Cousins, understanding
		the Bargain I had made, told me I had given four
		times as much for it as it was worth, put me in mind what good
		Things I might have bought with the rest of the Money, &
		laught at me so much for my Folly that I cry’d with Vexation;
		and the Reflection gave me more Chagrin than the Whistle
		gave me Pleasure.
	
		This however was afterwards of use to me, the Impression
		continuing on my Mind; so that often when I was tempted to
		buy some unnecessary thing, I said to my self, Do not give too
		much for the Whistle; and I sav’d my Money.
	
		As I grew up, came into the World, and observed the Actions
		of Men, I thought I met many who gave too much for the Whistle.
		—When I saw one ambitious of Court Favour, sacrificing his
		Time in Attendance at Levees, his Repose, his Liberty, his Virtue
		and perhaps his Friend, to obtain it; I have said to my self,
		This Man gives too much for his Whistle. —When I saw another
		fond of Popularity, constantly employing himself in political
		Bustles, neglecting his own Affairs, and ruining them by that
		Neglect, He pays, says I, too much for his Whistle. —If I knew
		a Miser, who gave up every kind of comfortable Living, all the
		Pleasure of doing Good to others, all the Esteem of his Fellow
		Citizens, & the Joys of benevolent Friendship, for the sake of
		Accumulating Wealth, Poor Man, says I, you pay too much for
		your Whistle. —When I met with a Man of Pleasure, sacrificing
		every laudable Improvement of his Mind or of his Fortune,
		to mere corporeal Satisfactions, & ruining his Health in their
		Pursuit, Mistaken Man, says I, you are providing Pain for your
		self instead of Pleasure, you pay too much for your Whistle. —If
		I see one fond of Appearance, of fine Cloaths, fine Houses, fine
		Furniture, fine Equipages, all above his Fortune, for which he
		contracts Debts, and ends his Career in a Prison; Alas, says I,
		he has paid too much for his Whistle. —When I saw a beautiful
		sweet-temper’d Girl, marry’d to an ill-natured Brute of a Husband;
		What a Pity, says I, that she should pay so much for a Whistle!
		—In short, I conceiv’d that great Part of the Miseries of
		
		Mankind, were brought upon them by the false Estimates they
		had made of the Value of Things, and by their giving too much
		for the Whistle.
	
		Yet I ought to have Charity for these unhappy People, when
		I consider that with all this Wisdom of which I am boasting,
		there are certain things in the World so tempting; for Example
		the Apples of King John, which happily are not to be bought,
		for if they were put to sale by Auction, I might very easily be
		led to ruin my self in the Purchase, and find that I had once
		more given too much for the Whistle.
	
		Adieu, my dearest Friend, and believe me ever yours very
		sincerely and with unalterable Affection.
	
 
		
J’ai reçu les deux Lettres de ma chere Amie, l’une pour Mercredi,
		l’autre pour le Sammedi. C’est aujourd’hui encore Mercredi.
		Je ne mérite pas d’en avoir encore, parce que je n’ai pas
		fait Réponse aux précédentes. Mais, tout indolent que je suis, &
		quelque Aversion que j’aie d’écrire, la Crainte de n’avoir plus
		de vos charmantes Epitres, si je ne contribue aussi ma part pour
		soutenir la Correspondance, me force de prendre la Plume. Et
		comme M. B. m’a mandé si obligeamment qu’il part demain
		matin pour vous voir, moi, au lieu de passer ce Mercredi au
		soir, comme je l’ai fait si long-temps de ses Prédécesseurs du
		même Nom, en votre douce Société, je me suis mis à mon Ecritoire,
		pour le passer à penser à vous, à vous écrire, & à lire &
		relire ce que vous m’avez si délicieusement écrit.
	
		Je suis charmé de votre Description du Paradis, & de vos
		Plans pour y vivre. J’approuve aussi très-fortement la Conclusion
		que vous faites, qu’en attendant il faut tirer de ce bas
		monde tout le Bien qu’on en peut tirer. A mon Avis il est très-possible
		pour nous d’en tirer beaucoup plus de Bien, que nous
		n’en tirons, & d’en souffrir moins de mal, si nous voulions seulement
		prendre garde de ne donner pas trop pour nos Sifflets. Car
		il me semble que la plupart des Malheureux qu’on trouve dans
		le Monde, sont devenus tels par leur Négligence de cette Précaution.
	
		Vous demandez ce que je veux dire? —Vous aimez les Histoires,
		& vous m’excuserez si je vous en donne qui regarde
		
		moi-même. Quand j’étois un Enfant de cinq ou six ans, mes
		Amis, un Jour de Fête, remplirent ma petite Poche de Sols. J’allai
		tout de suite à une Boutique où on vendoit des Babioles;
		mais étant charmé du Son d’un Sifflet, que je rencontrai en
		Chemin dans les mains d’un autre petit Garçon, je lui offris &
		donnai volontiers pour cela tout mon Argent. Revenu chez
		moi, sifflant par toute la Maison, fort content de mon Achat,
		mais fatiguant les Oreilles de toute la Famille, mes Freres, mes
		Soeurs, mes Cousines, entendant que j’avois tant donné pour
		ce mauvais Bruit, me dirent que c’étoit dix fois plus que la Valeur;
		alors ils me firent penser au Nombre de bonnes Choses,
		que je pouvois acheter avec le Reste de ma Monnoie, si j’avois
		été plus prudent; & ils me ridiculiserent tant de ma Follie, que
		je pleurois de cette Vexation; & la Réflexion me donnoit plus
		de Chagrin, que le Sifflet de Plaisir.
	
		Cet Accident fut cependant dans la Suite, de quelque Utilité
		pour moi, l’Impression restant sur mon Ame; de sorte que, tant
		lorsque j’étois tenté d’acheter quelque chose qui ne m’étoit pas
		nécessaire, je disois en moi-même, Ne donnons pas trop pour le
		Sifflet: & j’épargnois mon Argent.
	
		Devenant grand Garçon, entrant dans le Monde & observant
		les Actions des Hommes, je vis que je rencontrois Nombre
		de Gens qui donnoient trop pour le Sifflet.
	
		Quand j’ai vu quelqu’un, qui, ambitieux de la Faveur de la
		Cour, consumoit son Temps en les Assiduités aux Levers; son
		Repos, sa Liberté, sa Vertu, & peut-être ses vrais Amis, pour
		obtenir quelque petite Distinction; j’ai dis en moi-même, Cet
		homme donne trop pour son Sifflet. —Quand j’en ai vu une autre,
		avide de se rendre populaire, & pour cela s’occupant toujours
		de Contestations publiques, négligeant ses Affaires particulieres,
		& les ruinant par cette Négligence; Il paye trop, ai-je dit,
		pour son Sifflet. —Si j’ai connu un Avare, qui renonçoit à toute
		Maniere de vivre commodement, à tout le Plaisir de faire le
		bien aux autres, à toute l’Estime de ses Compatriotes, & à tous
		les Charmes de l’Amitié, pour avoir un Morçeau de Métal
		jaune: Pauvre homme, disois-je; vous donnez trop pour votre Sifflet.
		—Quand j’ai rencontré un Homme de Plaisir, sacrifiant tout
		louable Perfectionnement de son Ame, & toute Amélioration
		
		de son Etat, aux Voluptés du Sens purement corporel, & détruisant
		sa Santé dans leur Poursuite, Homme trompé, ai-je dit, vous
		vous procurez des Peines au lieu des Plaisirs; vous payez trop pour
		votre Sifflet. —Si j’en ai vu un autre, entété de beaux Habillemens,
		belles Maisons, beaux Meubles, beaux Equipages, toutes
		au-dessus de sa Fortune, qu’il ne se procuroit qu’en faisant des
		Dettes, & en allant finir sa Carriere dans une Prison; Hélas! ai-je
		dit, il a payé trop pour son Sifflet. —Quand j’ai vu une très-belle
		Fille, d’un Naturel bon & doux, mariée à un Homme féroce
		& brutal, qui la maltraite continuellement, C’est grande Pitié,
		ai-je dit, qu’elle ait tant payé pour un Sifflet! —Enfin, j’ai
		conçu, que la plus grande Partie des Malheurs de l’Espece humaine
		viennent des Estimations fausses qu’on fait de la Valeur
		des choses, & de ce qu’on donne trop pour les Sifflets.
	
		Néamoins je sens que je dois avoir de la Charité pour ces
		Gens malheureux, quand je considere qu’avec toute la Sagesse
		dont je me vante, il y a certaines Choses dans ce bas Monde
		si tentantes; par Exemple, les Pommes du Roi Jean, lesquelles
		heureusement ne sont pas à acheter; car si elles étoient mises à
		l’Enchere, je pourrois être très-facilement porté à me ruiner par
		leur Achat, & trouver que j’aurois encore une fois donné trop
		pour le Sifflet.
	
		Adieu, ma très-chere Amie, croyez-moi toujours le vôtre,
		bien sincerement, & avec une Affection inaltérable.